après-midi canyon Cramassouri

C’est étrange de penser que le 25 août 2020 j’ai fait celle qui pourrait être ma dernière descente du vallon de Cramassouri. Ce jour j’avais pris une matinée de repos et j’avais juste un groupe l’après-midi pour ce canyon, du coup pour moi une journée vraiment agréable surtout en ce moment de la saison où la fatigue commence à se faire sentir.

Un parcours idéal

Il est pour moi un canyon vraiment agréable à encadrer, même après presque dix ans de pratique. C’est vraiment le parcours idéal pour découvrir le canyoning grâce à  son eau claire et à sa bonne température. Niché au creux d’un vallon ensoleillé, facile d’accès, ou les cascades, les sauts et les toboggans (toujours facultatifs) se succèdent, il présente tous les atouts pour séduire les néophytes.

Pour toutes ces raisons, depuis que je travaille à mon compte en tant que Couleur Canyon, avec mon collègue Franck nous avons décidé de proposer la descente de Cramassouri à nos clients. Avec 1h30 de route depuis Castellane, où nous sommes basés, on peut affirmer que ce n’est pas la porte à côté. En effet, Cramassouri se trouve tout en bas de la vallée de la Tinée, plus au moins à quarante minutes au nord de Nice. C’est pour cette raison que nous le proposons généralement à notre clientèle basée autour de Nice. Ce qui leur évite les longues routes sinueuses du Verdon. Il est très peu ou pas fréquenté par les guides du Verdon. Depuis les années 2000, le site a vu une grande fréquentation, soit par les professionnels, soit par les passionnés de canyonisme. Mais depuis quelques années, il est un peu oublié par la plupart des guides niçois qui préfèrent se rendre dans les gorges du Loup. Durant l’été 2020, l’engouement pour ce joyau de la nature a ressurgi et les groupes se sont multipliés.

Dégâts et impacts de la tempête Alex

Vous le savez, la tempête Alex a sévèrement touché les Alpes-Maritimes en octobre 2020. Les dégâts humains, matériels et naturels ont été considérables. Aujourd’hui, en tant que guide j’ai du mal à imaginer que ce magnifique canyon soit rayé de la carte. Les pluies diluviennes (plus de 500 millimètres en quelques heures) ont causé des crues très violentes dans plusieurs rivières dont le vallon de Cramassouri. La crue a importé des tonnes de pierres et d’arbres qui ont rempli le lit habituel du cours d’eau. La totalité des vasques sont bouchées et la rivière, par moments, disparaît pour s’infiltrer entre les rochers. A cette période, j’étais chez moi en Italie et j’ai donc vécu tout ça via les images circulant sur internet et les réseaux sociaux. Plus tard, ce sont les discussions téléphoniques avec les amis et collègues de la région qui validaient la mauvaise nouvelle.

Voir “Crama” transformé en “gravière” est quelque chose de vraiment triste. Un lieu si beau et magique disparu ou, au mieux,  transformé complètement. J’ai pensé au temps que j’avais passé dedans, à combien de fois j’y avais accompagné des groupes, à comment ce canyon était lié à mon aventure en France. Quand je préparais ma liste de canyons pour devenir moniteur, Cramassouri a été un de mes premiers canyons. Il fut aussi le tout premier où j’ai travaillé en juin 2011. Ou encore, le canyon que j’ai voulu montrer à tous mes amis qui passaient me voir l’été.

C’est un sentiment indescriptible de sentir ce lien avec un lieu naturel. Comme si à force de le fréquenter il y avait une sorte d’intimité qui se crée, comme un ami silencieux qui t’accompagne pendant tes journées de travail et qui préserve la mémoire de tous les moments que tu y as vécu.